jeudi 10 mars 2016

DUEL PAR PROCURATION

Moi vous me connaissez... J'aime bien couper les cheveux en quatre et surtout, refroidir les ardeurs des « démocrates »...
Je vais vous causer de Hamadache et de sa condamnation qui fait jubiler parfois très indécemment ces « démocrates » dont un grand nombre semble satisfait non pas de la portée de cette condamnation mais juste de voir le salafiste passer un petit trimestre à l'ombre.
Une sorte de haine contre l'homme et non de refus de ce qu'il prône... et c'est déjà une dérive qui n'a pas lieu d'être pour des gens sensés savoir faire la part des choses et réagir en sachant raison garder et non en se laissant aller à leurs ressentiments...
Parlons posément de ce procès…
A l’heure où les défis de la nation sont ailleurs, il oppose deux amuseurs de foule…un intégriste qui prétend défendre Dieu, Son prophète et la Révélation contre la perfidie présumée des créatures égarées et qui cherche à se faire admettre dans l’agora des poilus rédempteurs et un chroniqueur qui a trouvé dans la provocation un moyen de se faire admettre comme défenseur des pauvres créatures menacées par les fous de Dieu... afin de se faire admettre là où se distribuent les satisfecit et les admissions dans la cour des grands… c'est-à-dire des blancs.
Comme quoi les motivations qui se situent aux antipodes l’une de l’autre peuvent avoir de curieuses similitudes en matière d’ego…
Le premier a appelé, dans sa logique djihadiste, au meurtre du second… les deux prétendent défendre la République sans que personne ne les ait mandatés… le premier en haranguant les foules pour les mettre en garde contre ceux qui portent atteinte à son culte consacré dans sa Constitution, le second en écrivant des pamphlets contre ceux qui portent atteinte à ses libertés, consacrées elles aussi dans sa constitution…
L'incitation au meurtre, pour tout motif, doit être punie par le Code Pénal Algérien au même titre que tous les autres Codes à travers le monde... C'est en vertu de cette évidence que KD a déposé sa plainte, que sa plainte a été enrôlée et que Hamadache a été jugé et condamné...
La peine est légère, lourde, conforme au Code Pénal ou non conforme, il appartient aux avocats de le démontrer devant la Cour d'Appel pour l’alléger ou l’alourdir selon le cas...
Mais on peut déjà lire ce jugement et cette condamnation de plusieurs manières:
1- Si le délit est reconnu si évident au point de mériter jugement puis condamnation, pourquoi le parquet ne s'est-il pas autosaisi et a t'il attendu que la victime le fasse alors que l'appel au meurtre a été médiatisé à volonté par son auteur au point où, l’ ignorer est très grave et le savoir et le laisser sans suite est encore plus grave?
2- Cette condamnation sera t'elle suffisante pour inciter dorénavant les victimes d'appels aux lynchages publics à demander justice contre ceux qui incitent les psychopathes en tous genres à se substituer au droit pour rendre "leur" justice ou celle de leurs gourous ?
3- Cette condamnation sera t'elle suffisante pour dissuader les gourous de toutes natures à inciter leurs zélés fans à trancher toute tête qui ne leur reviendrait pas ?
Je pense pour ma part que le grand gagnant de ce procès c’est Hamadache qui était en perte de vitesse auprès de sa mouvance et qui, grâce à ce coup de pub inespéré s’est retrouvé en tête d’affiche… Il peut estimer être arrivé à ce qu’il n’a pas arrêté d’appeler non seulement de tous ses vœux mais de tous ses gestes et ses dires. Il faut savoir que la prison est le meilleur faire-valoir de l’opposant algérien, de quelque bord qu’il soit au point où nous avons vu des illustres prisonniers démocrates et islamistes faire leur marche au coude à coude dans la capitale, auréolés du même « prestige populaire » : celui d’avoir été hôtes des geôles du système !…
Quant à KD, il n’aura gagné que le dinar symbolique qu’il a exigé… le pouvoir qu’il n’a cessé de vilipender lui ayant refusé l’aura du martyr double en comprenant que ce qu’il cherchait pour parfaire son martyrologe, c’était le non lieu pour Hamadache qui aurait donné crédibilité à sa théorie d’un pouvoir couvant l’islamisme…
Le grand perdant de ce piège judiciaire et juridique sera l’Etat qui, en voulant imposer la chose et son contraire, en termes plus populaires: en mangeant avec le loup tout en se lamentant avec le berger, aura donné raison à KD sans donner tort à Hamadache… car, quel que soit le verdict définitif, on devrait admettre que Hamadache et KD sont les rejetons indésirables d’un mariage contre nature entre un chou et une chèvre, mariage conçu et imposé sans conviction par un pouvoir sans perspectives et célébré en force dans le boucan de cette kermesse populiste appelée « réconciliation nationale »…
Un mariage où le « oui » n’a pas fusé de la bouche de ceux qui devaient s’unir mais de la seule bouche de l’autorité qui a scellé l’union…
C’est vous dire que la condamnation de Hamadache est un non-événement pour… la suite des événements !

lundi 29 février 2016

L'OEUF DE MARS

Nous sommes le 1er mars 2016... Je n'irai pas chercher dans les éphémérides de quoi meubler ma matinale.
Je puiserai mon inspiration de mon vécu.
Ma mère disait: "Maghress bou ethloudj ou yebrir bou el 3asloudj" (Mars des neiges, Avril des tiges)... Attendons pour voir si ce proverbe météorologique est encore d'actualité en ces périodes de troubles en tous genres et de troubles du climat en particulier!... Ce qui est certain, c'est que le jour a pris de sérieuses options sur la nuit puisque j'aurais pu faire mes 25 km sur l'autoghoul en m'aidant de mes seules veilleuses...
Mais ma défunte mère disait aussi qu'en mars "El Ardh taghleb Essma" (la Terre bat le ciel)... C'est à dire que quelles que soient les précipitations que le ciel déverse sur la terre, celle ci les ingurgite... C'est peut être du à la chaleur qui fissure le sol en "ch'gayeg" (crevasse) et tout le monde sait que pour qualifier quelqu'un qui use à l'excès de boissons, on dit de lui: "ki echgaga !" (comme une crevasse)... de boissons ou de... prébendes !
Mais le 1er Mars c'est aussi, et c'est toujours ma défunte mère qui me l'a appris, le jour où la perdrix jette son premier œuf (non fécondé bien sûr) n'importe où dans la nature... C'est ce qui va motiver le "h'aygoun" (perdreau) à entamer à chaque crépuscule ses sérénades sur les collines pour l'appeler à fonder un "medless" (nid de la perdrix) pour perpétuer l'espèce de cette très charmante hôtesse de nos garrigues...
Un nid très rudimentaire, petit creux à même la terre, sans branchages ni herbes sèches pour le tapisser... et où elle pondra jusqu'à 20 œufs. Des œufs que nous recherchions dans notre jeunesse et que nous mangions par pleines poêlées...
Je peux même vous dire que l'expression "l'gaha 3la 3echrine" (Il l'a trouvée (sur) vingt) et qui veut dire "il a décroché le gros lot" provient de cette histoire de perdrix... Trouver 20 œufs dans un nid voulant dire qu'on ne peut avoir plus de chance que ça...
On peut dire de certains hommes politiques que "elgaw'ha 3la 3echrine" vu ce que la proximité du pouvoir leur a valu... La proximité, ou le pseudo éloignement ! Suivez mon regard et tournez le vers Louiza Hanoune, Aboudjerra Soltani, Mohamed Saïd, Ahmed Merrani ou... Saïd Sadi et d'autres pseudo-opposants...
Ma mère disait aussi que la fortune souriait à celui qui découvrirait le premier œuf jeté par la perdrix... Autant chercher une aiguille dans une botte de foin... Je m'y suis essayé dans ma prime jeunesse campagnarde... J'avoue que je n'ai jamais réussi à trouver cet œuf mythique...
C'est peut être pour ça que je ne serai jamais député...ni sénateur du tiers présidentiel et que je ne rencontrerai jamais un décideur qui m'octroierait un terrain sur les hauteurs d'Alger ou la possibilité de me payer un appartement à Neuilly...

mardi 6 octobre 2015

LES FAUX ALIBIS

Il y'eut d'abord Lledo en 1993 puis Ferhat et Sansal et aujourd'hui Allouache... 

On se bouscule devant le mur des lamentations, kippa sur la tête, non pas pour montrer aux Juifs qu'on les aime bien... ils ne l'ont même pas demandé !... mais juste pour ne pas déplaire aux lobbys sionistes qui déterminent les sympathies américano-européennes et donc la faveur des médias, des prix divers et de la promotion sociale chez les gens "civilisés"...

On fait aujourd'hui preuve de basse obédience au sionisme en justifiant cette ignominie par le refus de s'inscrire dans l'antisémitisme, accréditant l'idée que sionisme et judaïté sont synonymes en faisant tout pour faire admettre en parallèle l'idée que l'islamité équivaut à l'islamisme...

Et d'aucuns, se voulant moins royalistes que les rois, défendent ces options opportunistes en faisant valoir que l'on ne peut être plus palestiniens que les palestiniens et que Mahmoud Abbas accepte bien de serrer la main à Natanyahou... et si c'est ainsi, il est malvenu de demander à Sansal ou Allouache, Lledo ou Ferhat de refuser de se "produire" médiatiquement et physiquement à Tel Aviv...

C'est un raisonnement qui se tient...

Qui se tient même très bien si on considère que l'opposition au sionisme est un acte de solidarité racial, géographique ou religieux...

Dans notre naïveté, nous pensions que le rejet du sionisme est une position de principe contre un mouvement raciste, intolérant, génocidaire et que tout homme épris de paix, de justice, d'humanisme et de tolérance, qu'il soit chrétien, musulman, juif, bouddhiste, animiste ou païen, doit adopter, sans égards pour les positions opportunistes de Mahmoud Abbas ou de n'importe qui... comme il doit adopter sans appel le rejet de l'absolutisme, du racisme, du nazisme et... de l'islamisme... sans égards pour ceux qui trouvent intérêt à s'en accommoder, fussent-ils leurs victimes !

lundi 10 mars 2014

FLUCTUAT NEC MERGITUR

Devant le flou qui caractérise la situation, chacun fait la lecture qui l'arrange, formule l'hypothèse qui l'arrange, appelle à la réaction qui l'arrange, regarde vers le tuteur qui l'arrange, espère l'issue qui l'arrange... Ca ne manque pas de piment... de cynisme et de perfidie aussi...

D'aucuns en ces pages, traitent sans gêne le peuple tout entier de "lâche" juste pour ne pas avoir exigé en détruisant son pays de savoir qui le gouverne en l'absence d'un discours de son président en exercice (peu ou prou) pour encore 3 mois... non pas d'avoir supporté d'être gouverné par un cavalier seul depuis 15 ans !... 

D'autres, anciens dignitaires, spéculent, spéculent... non pas en faisant l'effort d'analyse que leurs hautes fonctions du passé nous permettaient d'espérer trouver chez eux mais juste en fouinant dans la toile pour colporter ce que disent Flen et Felten dans des écrits à sensation ou des analyses catastrophistes...

D'autres encore n'hésitent pas à se faire écho d'aventuriers de la plume qui, comme les médiums et autres sorciers et sorcières médiatiques, y vont chaque fin d'année de leurs prédictions, sachant que si ces prédictions se réalisent ils auront tout à gagner en criant: "nous vous l'avions bien dit!" et que si ça ne se réalise pas, personne ne les leur rappellera car tout le monde aura oublié leurs shows de veille du nouvel an...

Il y'a une évidence dont personne ne parle: c'est celle de la solidité du socle institutionnel de ce pays qui, en dépit de l'indécision qui caractérise l'institution de tête, continue à tenir bon et à accomplir ses missions comme en "pays civilisé"... et cela en dépit des coups de boutoirs qui sont perfidement administrés à ce socle par des personnes et groupes de pressions pour l'ébranler, sous les exhortations de tous ces nouveaux médias qui découvrent hypocritement horrifiés des crimes que leurs financiers créent en organisant des pénuries de lait, des ruptures de médicaments pour cancéreux, des combats de rues entre loubars de communautés différentes et des grèves d'enseignants... des enseignants qui, au lieu d'attendre la décantation pour réclamer ce qu'ils considèrent leurs droits, profitent honteusement de la fin imminente du mandat de leur ministre pour le faire et qui osent sans pudeur demander pastèques alors qu'ils savent leur pays menacé par les sables mouvants de la fitna (houa fel bella3 ou igoul ya eddella3)...

Ce peuple n'est pas lâche... ce sont ceux qui le poussent au nihilisme sous prétexte de lui montrer sa voie ou de défendre ses droits qui le sont. 


Ce peuple n'est pas inconscient, ceux qui l'incitent à la déraison eux, sont conscients de l'enfer vers lequel ils l'entraînent...

C'est mon coup de gueule de ce matin... et cette fois ci machi ma goult walou... Goult'ha ou n'3awedd'ha !

LES OPPOSITIONISTES

Après avoir critiqué et vilipendé les uns et les autres - sans discernement - au nom d'un nouveau code d'honneur qui, en ce pays, veut qu'on n'est Homme qu'en étant opposant au "Pouvoir-Régime-Système", sans discerner ceux qui, dans cette triade diabolisée, peuvent être sincèrement patriotes et servent comme ils peuvent le pays, des flibustiers qui ne sont là que pour se servir; après avoir monté les uns contre les autres : le peuple contre ses gouvernants, les kabyles contre les arabes, les mozabites contre les chaambas, les enseignants contre leurs élèves, les employés contre leurs employeurs, les religieux contre les moins religieux, les hommes contre les femmes, les enfants contre leurs parents, les footballeurs contre leurs entraîneurs, les élites entre elles et contre tous, les moudjahidines contre les moudjahidates, le cadavre d'Amirouche contre celui de Boumediène et celui de Abane contre celui de Krim en jubilant de les voir s'étriller, après avoir installé le doute entre les couples, et instillé la défiance envers les plus sacrés des symboles, les voici, au seuil de la grande déflagration, qui appellent les belligérants du dernier carré de cette triade dont ils ont fomenté la "fitna", à remettre les clés du pays mais sans identifier le légitime récipiendaire... 

Et s'ils vous prenaient au mot et remettaient les clés du pays, qui les recevra de leurs mains?
Qui, selon vous, est digne aujourd'hui de porter autour du cou l'écharpe de la république ?

Quel est donc cet homme ou ce groupe d'hommes aux burnous immaculés, aux mains propres, à l’esprit éclairé, à l’abnégation en bandoulière et qui seraient au dessus de tous vos soupçons ?

Serait-ce ce peuple, gonflé à bloc par vos exhortations et qui a appris l'art de la contestation en oubliant celui du labeur ?

Serait-ce cette classe politique élevée dans l'art de l'opposition à tout ce qui bouge et qui n'a jamais réussi ni à se fédérer ni à présenter la moindre proposition, se contentant d'attendre qu'agissent les autres pour se mettre à brailler contre tout ce qui se fait ?

Serait-ce ce qui reste de cette élite broyée et laminée par des années d'incurie du pouvoir et complexée par votre suspicion tenace et vos faux procès récurrents ?...

Vous savez et c'est là que se situe votre impardonnable cynisme que si les clés tombent des mains de "l'autorité", elles iront dans celles, avides des opportunistes et des embusqués, comme cela s’est fait ailleurs, comme cela s’est fait toujours en ces terres… 

Vous êtes de mauvais élèves de votre Histoire et de mauvais témoins de celle des autres...


Qu'ils remettent les clés, comme vous le leur ordonnez de derrière vos pupitres et ce seront vos bourreaux qui seront les premiers à les ramasser !

IMPASSE ET OPPORTUNISME

Oyez Oyez bonnes gens !... Vous qui avez végété depuis 5 ans, vous essayant à des coupures de routes sans impact ou à des applaudissements trop fournis pour être distingués !... L'actualité vous donne aujourd'hui l'occasion de vous faire "ker3ine h'tab walla  harnass dh'hab" (jambes en bois ou dentier en or)... Vous avez la possibilité de sortir de votre anonymat en vous engageant résolument, drapeau au vent, aux côtés de ceux qui veulent reconduire malgré lui notre vaillant cavalier sur la selle de notre patrie haridellisée... Criez fort, postillonnez vos arguments, tapez des mains sur la table quand vous vous sentirez sous l'objectif des télés publique... On se souviendra de votre visage au moment voulu et vous pourrez espérer être récompensés par un effacement de vos dettes, un poste de directeur d'école ou une aide à l'autoconstruction quand vous visez bas... une Daira, une institution à diriger, pourquoi pas un ministère, si vous êtes de la haute sphère...

Vous pouvez aussi oser l'aventure et vous poster aux carrefours de la ville, hisser l'étendard de la révolte et surveiller les caméras des chaines de télé privées ou vous faire inviter dans leurs studios pour gesticuler et crier votre ras le bol de ce système qui a fait de vous le député, le chef de parti ou le journaliste que vous êtes... Vous pouvez même vous tailler une réputation d'opposant pur et dur en vous faisant filmer par vos amis quand les policiers vous fourreront dans leur galoufa... Exercice très peu périlleux par les temps qui courent et qui vous permettra par l'usage des réseaux sociaux de vous donner la stature de Guevara ou de la Passionaria... Il vous suffit de vous laisser pousser la barbe, de porter casquette ou de lever les bras en signe de stop en criant "No Passaran !", il y'aura toujours une caméra opportune pour immortaliser votre geste...

Vous pouvez enfin choisir le cavalier le plus en vue et venir défendre l'indéfendable en en faisant le bourreau d'un système dont il fut une pierre angulaire... lui trouver des vertus qu'il ne se soupçonnait pas lui même et vous enrôler dans ses comités de soutien où se concentrent tout ceux qui veulent se donner une virginité après avoir flirté durant des années avec ledit système et profité à satiété de ses prébendes... accomplissant une sorte de hadj qui vous lavera de vos pêchés car vous voyez déjà le boeuf à terre et il est connu que quand tombe le boeuf s'exhibent les couteaux...

C'est triste... Dans ce tohu bohu généralisé, je me demande si quelqu'un pense encore aux meurtrissures que subit ce pauvre pays...    

jeudi 6 juin 2013

PERIL EN LA DEMEURE

  
Qui peut dire quand nos premiers ressorts se sont cassés ?
 
Qui peut dire aussi quand s’arrêtera notre descente aux enfers et surtout par quels moyens nous arriverons à infléchir notre tragique et incompréhensible tendance à l’autodestruction ?

Comment expliquer qu’un peuple qui disait que la propreté était partie intrinsèque de la foi, soit devenu si peu regardant à tout ce qui pollue son pays  alors qu’il fait si obséquieusement preuve de bigoterie?

Comment comprendre qu’un peuple qui considérait le pain comme sacré, puisse aujourd’hui le donner au bétail par chargements entiers de semi-remorques ou le jeter sans état d’âme, parmi les couches bébés, les arêtes de sardine et les coquilles d’œufs dans les poubelles ?

Souvenons-nous… Il n’y a pourtant pas si longtemps, quand on laissait tomber par inadvertance un crouton de pain ou un morceau de galette, comment on les ramassait avec délicatesse et comment on les embrassait pour leur demander pardon d’avoir été peu attentionnés envers eux, avant de les manger ou de les déposer dans un lieu propre pour qu’ils servent de nourriture aux chats ou aux oiseaux et regardons cette régression très peu féconde qui nous fait voir à tout bout de champ du pain blanc nourrissant les rats…

Souvenons nous du brave garde-champêtre d’antan qui, sans armes, faisait régner l’ordre et la discipline, empêchant les enfants de martyriser les mûriers des bords de rue, et dispersant du crézyl sur les sardines quand sonnait onze heures du matin sans se faire supplier ni soudoyer... et comparons un peu avec ces poissonniers d’aujourd’hui qui courent nos quartiers à toute heure, couverts d’un nuage de mouches…

Regardons ce que nous sommes devenus et dans quelles conditions nous acceptons d’évoluer…  égouts éventrés, immondices entassés sous nos fenêtres et dans les espaces où s’ébattent nos enfants, bouteilles en polyéthylène jonchant même nos jardins publics, sachets noirs volant au vent comme lugubres corbeaux, chiens errants squattant impunément nos rues, rats grassouillets évoluant à leur aise entre nos poubelles…

Très prompts à exiger nos droits en fermant les routes ou en désertant nos postes de travail, nous satirisons sur le mot volontariat et considérons les « campagnes d’hygiène » comme loufoque démagogie.

Notre taghannant séculaire s’est encore accentuée par l’effet de notre déresponsabilisation héritée d’un socialisme castrant qui nous  disait, pourvu que nous fermions nos g…,  que le travail est un droit et non un devoir, qui parlait de partage de la rente et non de sa création, qui prétendait tout nous planifier, ne nous laissant aptes à assumer que les seules fonctions biologiques : manger n’importe comment et déféquer n’importe où.

Et quand ce socialisme de la mamelle fut abandonné, c’est un autre système hybride qui est venu le remplacer : celui  de l’apparente aisance gadgétisée par tout ce que l’occident et l’orient produisent en bibelots que nous importons par pleines cargaisons et qui viennent colorer nos étals pour un temps pour surcharger ensuite nos décharges pour toujours…

Ce « libéralisme » débridé ne semble nous avoir été imposé que pour que nous servions de réceptacle aux trop-pleins d’ailleurs. Nos professionnels de l’import-import, courant d’Istambul à Pékin pour nous ramener les tissus bas de gamme, les jouets débiles, les cosmétiques aux formules douteuses, les gadgets électroniques de contrefaçon jusqu’aux voitures et camions hors normes…
 
Faut-il alors s’étonner, dans ce pays devenu un vaste dépotoir, de constater, outre l’hécatombe routière conséquente aux défauts de fabrication,  la recrudescence vertigineuse de toutes les pathologies que nous ne connaissions presque pas, de l’asthme et des maladies allergogènes au diabète, à l’hypertension et aux autres maladies à causes alimentaires, aux cancers de différents types que nous inoculent tous ces produits non contrôlés, toutes ces nuisances auxquelles nous sommes soumis ?

Aujourd’hui ce n’est plus la sirène d’alarme qu’il faut tirer… C’est la forme de gouvernance qu’il est impératif de changer et la prise de conscience populaire qui doit absolument s’imposer à tout le peuple car le péril en la demeure, toute la demeure,  n’est plus potentiel mais patent…